L’héros idéal est ennuyant: juste, vertueux, incorruptible et qui ne vit que pour servir le bien. Quelques défauts, une moralité un peu plus ambigüe et un objectif un peu plus égoïste peuvent donner un peu d’originalité à un personnage. Cependant, si l’auteur exagère, l’héros devient un anti-héro, ce qui veut dire… quoi exactement? Qu’est-ce qui fait d’un personnage un anti-héro? Overly Sarcastic Productions, une chaîne youtube qui couvre entre autres des conventions de la fiction, se penche sur la question dans la vidéo « Trope Talk: Antiheroes »
La définition d’un héro
À la base, un anti-héro est ce qu’un héro n’est pas. La vidéo commence avec le problème fondamental de cette définition: le terme « héro » change de signification selon le lieu et l’époque. Pour les grecs anciens, un héro était simplement quelqu’un de puissant ou qui accomplissait de grandes choses, peu importe la moralité. Désobéir aux règles injustes peut être considéré héroïque autant qu’une loyauté inconditionnelle. Un héro peut être un rebelle autant qu’un agent de l’ordre. Impossible donc de simplement faire un code du héro. L’animatrice de la vidéo prend pour exemple Anakin Skywalker, que vous connaissez probablement. Sa motivation principale, soit protéger les être qui lui sont chers peu importe le prix, est à la fois ce qui fait de lui un héro et ce qui ultimement précipite sa chute. Le même trait est à la fois héroïque et anti-héroïque, ce qui complique encore plus la situation.
Anakin Skywalker : à la fois héro et anti-héro
Combinaison entre héro et moins héro
Pour simplifier la chose, l’animatrice donne deux ensembles d’axes héroïques : méthodes et motivations, ainsi qu’attitudes et actions.Une combinaison d’une caractéristique héroïque avec une caractéristique non héroïque serait un bon indicateur d’un anti-héro. Par exemple :
-Action héroïque, attitude non héroïque : Se plaint constamment d’être obligé d’intervenir mais vient quand même en aide ou prend beaucoup trop de plaisir à tuer, même si c’est nécessaire. Peut aussi être un héro traumatisé par son passé, peu confiant en soi ou auto-destructeur
-Méthodes héroïques, motivations non héroïques : se concentre sur ses propres intérêts, mais avec une moralité décente (Catwoman), ou un héro classique motivé par la vengeance, ou des méchants avec un code d’honneur
Méthodes non héroïque, motivations héroïques : les justiciers qui n’hésitent pas à utiliser des méthodes brutales pour parvenir à leurs fins.
Actions non héroïques, attitude héroïque : ce coin-là est un peu plus étrange, c’est soit un méchant avec un code d’honneur strict ou quelqu’un qui cherche à faire le bien, mais est prêt à payer un prix beaucoup trop élevé pour arriver à ses objectifs.
Action non héroïques, attitude non héroïque : « anti-héros » des années 90, des parfaits salauds, mais pour une raison ou une autre, sont considérés comme des héros parce qu’ils sont au centre de l’histoire. Pas vraiment un héro.
Un idéal
Superman L’héroïsme peut aussi être vu dans une optique d’idéalisme. Dans ce cas, l’héro est ce que l’on aspire à devenir. Superman, par exemple, recherche la justice et fait preuve de compassion même envers ses ennemis. Il protège un monde qui lui est étranger, sans chercher à le contrôler. C’est l’héro idéal qui rentre parfaitement dans les normes sociales.
Un anti-héro serait donc un personnage qui a des traits indésirables, bizarres ou qui ne sont pas acceptés par la société (homosexuels, transsexuels), ce qui est souvent associés aux antagonistes. Il rejette souvent les traditions, les normes sociales, le système légal, ce qui les exclut de la société.
Conclusion
Après quinze minutes à essayer de définir ce qu’est un anti-héro, l’animatrice conclut paradoxalement que le terme est pratiquement inutilisable parce qu’il manque de caractéristiques précises et qu’il est appliqué dans beaucoup trop de situations différentes pour être une catégorie utile.
Opinion personnelle
J’ai beaucoup apprécié l’effort de recherche, la contextualisation ainsi que l’effort de catégoriser, mais je suis en désaccord sur certains points. Personnellement, je pense que l’attitude n’a rien à voir avec l’héroïsme d’un personnage. Ni d’ailleurs, la manière dont la société voit les caractéristiques plus inhabituelles ou jugées inacceptables. C’est probablement dû à la façon dont je vois l’héroïsme : pour moi, ce n’est pas autant le résultat final que le trajet qui compte. Autrement dit, ce n’est pas le fait d’être un idéal qui caractérise un héro, c’est la lutte pour être idéal. Peu importe les défauts, les motivations ou l’attitude, si un personnage s’efforce pour être vertueux, c’est un héro. Un anti-héro, par opposition, serait donc un personnage qui met peu ou pas d’effort à être vertueux, peu importe ses objectifs, ses motivations ou son attitude. La vertu est révélée bien plus par la manière dont un individu se comporte et sa conception de la moralité que par la manière dont la société le perçoit.
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